LES PASSAGERS DU SOLEIL
 Projet de M1 avec Marceau Bariou et Leo Robine, sous la direction de Mathilde Sari et Can Onaner
Les passagers du soleil est une uchronie effectuée dans le cadre d'un atelier de Master 1 sur le thème de la magie. Elle nous amène à imaginer une communauté qui vit au rythme du soleil.
Il est des civilisations qui nous marquent, nous questionnent et nous passionnent. Les Incas, communauté Sud Américaine, dispose d’une organisation sociale, spatiale, religieuse et alimentaire très précise. L’urbanisme de leurs villes puise à la fois de leur environnement direct mais découle aussi de leurs rituels et leurs croyances religieuses. La nature inspire leur architecture autant que la création humaine. La terre est propriété commune, comme la maison et la nourriture : elle était redistribuée chaque année par rotation, entre les différents membres de la communauté qui la cultivaient. La ville était ainsi divisée en deux, séparant la partie sacrée et profane. Un centre punctiforme représentait le point où avait lieu le contact entre le soleil fécondant et la terre. Nous sommes alors partis à la découverte de ce monde merveilleux, en quête des ruines laissées par cette civilisation disparue afin d’en tirer des préceptes architecturaux et humains. 

L’espace Incas est vaste et complexe. Le long de son échine,  suivant la course de ses fleuves démesurés, apparaissent chaque jour, sous les monts ou les déserts arides et jusque dans les routes des villes nouvellement creusées et érigées, les témoignages dorés de son époque. Qu'est-il arrivé à ses constructeurs ? Qu'est-il advenu de ses habitants ? Quelles traces humaines ont-ils laissé, mise à part la possible lecture archéologique et anthropomorphique des hauts bâtiments de pierres encore vacants?
GENÈSE : Naissance de la communauté du soleil 
Après plusieurs années de guerre et d’occupation, les Incas, décimés par les batailles et les épidémies, bouleversés dans leur organisation sociale et économique, contraints de travailler dans de sombres mines, disparaissent peu à peu. Seule la communauté cachée, perdure et perpétue ses croyances, alliant rites incas et catholiques, formant un nouveau culte. La variole, amenée par les envahisseurs, participe grandement au déclin de la civilisation. La communauté cachée, forte de ses deux cultures, résiste à l’épidémie grâce à la lumière du soleil : elle est alors un fluide, au même titre que l’eau et l’air, elle se répand dans le corps et l’espace, purgeant l’organisme de ses microbes. La communauté cachée, réfugiée dans un temple abandonné, n’a accès à la lumière qu'à travers un oculus. Abritant de nombreuses richesse, pierres précieuses et or, le temple s’illumine lorsque le soleil est au Zénith, ses rayons se reflètent sur un miroir d’or, et baignent toute la pièce de sa lumière divine, purifiant alors chaque corps de la maladie. Ce temple oublié, devenu société héritière du soleil, nourrit de ses histoires les rites de cette communauté. Une fois la conquête européenne établie, Les Héritiers du Soleil reprennent petit à petit part à la société

A Rennes, les industries militaires ferment peu à peu, laissant en friche un terrain méconnu. Logements de fortune, la communauté s’est réfugiée dans les cartoucheries et ruines alentoures. De grands chemins traversent leurs anciennes habitations et semblent mener en son sein.


Des failles, profondes et massives, comme creusées dans la roche mènent au temple du soleil.


Au centre, un sous-sol sombre où règne le silence de la nuit. Les cellules nocturnes s’enfoncent, s’enfoncent et s’enroulent. Chacun peut voir ou être vu dans l’espace de méditation, au plus près du gouffre. Des rideaux peuvent être tirés, se mouvant au gré de la brise et avec les flammes des torches.


Un doux halo lunaire s’immisce doucement aux commissures de l’ouverture, tout là-haut. Le temps d’un demi-cercle solaire et nous nous agitons. Un rayon de soleil apparaît au prémisse d’une ascension. Nous sommes maintenant réunis en bas de l’escalier attendant le signal. Le chemin s’ouvre, moment éphémère, le bruit sourd des pas grimpant les marches retentit et s’intensifie


En haut, un bain, glacé par la nuit mais dans nos esprits réchauffés par le soleil qui vient de le traverser.



Nos corps purifiés, nos âmes éveillées, la journée commence, début d’un ballet rythmé. Inaccessible, l’imposant escalier qui s’engouffre vers les cellules nocturnes ne sera éclairé qu’aux dernières lueurs du jour, grâce au miroir soutenu par les larges pieds du portique qui l’encadre

Des murs, invisibles, spirituels, se dressent et se meuvent au fur et à mesure de la course solaire. Les espaces de permacultures sont martelés par les hommes et les femmes qui y travaillent. Vêtus comme pour une cérémonie, les paysans répondent dès l’aube, après le bain à l’appel du soleil. Et, sous le regard vigilant de celui-ci, hommes, femmes et enfants se rendent dans les champs indiqués. Les fonctionnaires répartissent le travail et les cultivateurs se placent en file. Ils attaquent alors le travail, d’un commun élan, au rythme de l’ombre.

D’immenses poteaux se dressent, forêt pétrifiée, seule l’ombre bouge, fermant ou ouvrant les espaces. Lieu de prière et de recueillement, des cordes sont tendues pour encadrer d’ombre la personne qui souhaite s’isoler. Lorsque la lumière, par force n’est pas, des voiles, ensemble, seront montées. Le vent mêlé aux tissus rythmera la danse, le rituel prendra forme jusqu’à ce que les nuages soient chassés. Et, quand les rayons du soleil sont retrouvés, les fidèles alors ne font qu’un, utilisant le langage du corps pour retrouver leur créateur.


Le réfectoire central, aux arches hautes, s'ouvre deux fois par jour. Lorsque la lumière y pénètre et seulement lorsqu’elle rejoint le comptoir central, alors les fidèles y entrent et récupèrent leur repas.​​​​​​​

Un sanctuaire reproduit le miracle salvateur du temple abandonné, chaque jour, à midi, lorsque le soleil est au plus haut, un escalier mène à la plus haute architecture du lieu et nous nous y retrouvons. Il ne faudra pas regarder le soleil dans les yeux, sa vision détruira la vue car nul être humain ne peut comprendre cette manifestation divine. Le soleil a son symbole, l’ombre du drapeau suit la course de l’astre, rythmant notre quotidien.
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