LES EGARES DE L'ALGIDE
Projet de M2 avec Octave LeBrun sous la direction de Can Onaner et Mathilde Sari
Les égarés de l'algide est un projet de fiction architecturale présenté sous la forme de chroniques, celles d'Alban et Henri, deux explorateurs opérant au début du 20ème siècle. Régulièrement, les chroniques paraissent dans la rubrique "exploration" du journal "Le Petit Parisien". 
Exemple de mise en page des chroniques d'Alban et Henri : "Les Egarés de l'Algide".
Chaque chronique correspond à une expédition, qui à travers l'histoire des deux explorateurs, présente une partie du projet. La première expédition, "La découverte", met en place l'aventure et annonce un mythe, celui des Egarés de l'Algide.
" Il y a  2 ans, le 11 novembre 1911, mon ami journaliste Alban et moi-même partions pour une expédition qui marquera certainement nos vies pendant encore plusieurs années.  Cette expédition avait pour objectif de retrouver une intrigante communauté, vivant dans les plaines désertes et glacées du pôle nord afin de réaliser une série de chroniques pour le journal “le Petit Parisien", pour lequel nous travaillons. Nous avions entendu parler de cette communauté lors de notre précédente expédition chez les Inuits de Saqqaq à l’ouest du Groenland. Nous commencions notre voyage en rejoignant Saqqaq afin d’y faire étape puis de se lancer dans notre périple sur la banquise. Cette marche fut rapidement déroutante. Alors que nous nous attendions à traverser des paysages blancs et plats, nous apercevions au bout d'un certain temps de la roche dessinant un paysage montagneux, avant de réellement nous retrouver le long de pentes escarpées au cœur d’une chaîne de montagne. (...)"
I - Au cours de leur première expédition, les deux aventuriers rencontrent les égarés de l'Algide et reçoivent des livrets propageant les fondements de leur mythe:
"Au fil de nos rencontres nous furent remis plusieurs livrets à l’aspect scientifique. Ces livrets vulgarisent différents aspects de la communauté. Nous comprenions qu’ils travaillaient sur les sens et leurs interconnections, qu'ils s'intéressait à la manière dont certains ces sens peuvent se développer par la suppression des autres."
II - Lors de leur seconde visite, les explorateurs se rapprochent de la communauté et découvrent un peu plus leur mœurs. Ils apprennent alors que les Egarés vivent dans d'étranges modules et qu'ils y utilisent de formidables artefacts pour travailler leurs sens. 
"Après cette éprouvante visite, William nous accueilla dans un module qui était le sien, celui de l'ouïe. Il nous demanda d’enfiler un des artefacts que nous avons pu vous amener aujourd’hui. Il s’agit du Tourne-Bruit, il était composé d’une structure englobant la tête et qui était rattachée à nos épaules. Deux étranges objets étaient, à l’intérieur de la structure, rattachés à ses deux oreilles. Chacun de ses déplacements déclenchait à la manière d’une marionnette un mouvement de ces deux étonnants récepteurs. Des morceaux d’un vieux téléphone de 1850 ont été utilisés pour sa conception. Chaque mouvement  de tête faisait évoluer la provenance du son créant chez nous une sensation d’étourdissement. Le Tourne-Bruit fonctionnait en binôme avec le Lustrophone, un autre objet lui attaché au plafond du module. Des sons de radio crispants remplaçait les ampoules et le lustre tournait sur lui même. Tous les objets utilisés par William semblait avoir été conçu en détournant de vieux objets scientifiques."
Les modules s'inspirent de la station Halley VI en Antarctique.
Les modules habitables dans lesquels vivent les Egarés sont transformé, chacun d'entre eux est affilié à un sens que l'arrangement de l'espace permet de travailler. De gauche à droite : la vue, l'odorat, la thermoception, le touché, l'ouïe, et l'équilibre. 
Module du touché
Module de la thermoception
Module de l'équilibre
Plans des différents niveaux de la montagne
III - Lors de la troisième et dernière expédition, les deux aventuriers suivent la communauté dans un de leur rituel. Ils y découvrent alors l'existence d'une montagne, aménagée par le groupe et dans laquelle est abrité la raison de leur mode de vie. Un liquide qui étouffe les sens coulerait dans la montagne, fascinant les égarés qui s'y rendent régulièrement.
"Une frénésie les habitait, ralenties par la neige, ils entamèrent leur marche engourdie vers la montagne. Après une demi-heure à braver les éléments, nous arrivions à l'entrée de ce qui paraissait être une énorme cavité au sein même du relief rocheux. Le liquide avait coulé jusqu'à l'aval et formé d’étranges croûtes la délimitant. "
Dans la montagne, le liquide sous sa forme solide dessine d'extraordinaires architectures qui régissent les rituels que viennent y pratiquer les Egarés.
 "A l’entrée de la cavité, le liquide venant du haut de la montagne coulait sur deux hauteurs de colonnes. Ces colonnes à l’aspect blanchâtre semblaient dégouliner sur elle-même. Des banches faites de glace récupéraient le liquide qui tombait de la structure. Nous comprîmes alors que ces poteaux étaient faits de ce même fluide, qui semblait se solidifier au contact du froid. William nous expliqua que les banches de glace refroidissaient rapidement le liquide mais fondaient  à son contact, donnant cet aspect liquéfié."
Une fois au sein de la montagne, une procession à lieu. Les Egarés se meuvent d'espaces en espaces, passant d'un rituel à l'autre en même temps que l'écoulement du liquide s'intensifie. Au bout de la cérémonie, la lumière se rarifie, et les communautaires se perdent dans l'ombre de la grotte.
"Au seuil de cette caverne, un édifice le recueillait. Le fluide dégoulinait le long de ses poteaux pour arriver dans des vasques. De petits groupes se formèrent autour des réceptacles.  Tous entamèrent alors une étrange procession. Le liquide était utilisé  pour se badigeonner et s’enlacer. Après autant de temps affublés d’artefacts contraignants, ils retrouvaient pour la première fois leurs corps et communiaient. Nous peinions à croire ce que nous avions devant les yeux. Puis, de tant à autres, un égaré se séparait du groupe et continuait son avancée dans la grotte, seul. Il passait alors, plus loin, sous plusieurs voûtes qui chacune laissait apparaître un rideau de fluide. Quand certains traversaient les rideaux à toutes allures, d'autres s'arrêtaient sous le filet de liquide et s’adonnaient à d’étranges recueils. Plus nous avancions dans la grotte, plus forte était l’agitation.  Au bout des rideaux, la caverne s’assombrissait et paraissait se diviser. Le liquide était venu former un bassin dans lequel les égarés se plongeaient frénétiquement jusqu'à disparaître dans les méandres de la grotte."
Maquette en plâtre et cire de la montagne de l'Algide
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